Terminons avec un autre chef-d'œuvre de Satoshi Kon, Millennium Actress (Sennen Joyū). Bien que différent de l'approche plus réaliste et émotionnelle de Shinkai ou Hosoda, ce film est un incontournable pour les amateurs d'animation japonaise de qualité. Il raconte l'histoire de Chiyoko Fujiwara, une actrice légendaire à la retraite, qui accorde une interview à un documentariste. À travers ses souvenirs, le film nous emmène dans un voyage vertigineux à travers l'histoire du cinéma japonais et les différentes époques qu'elle a traversées dans ses films. Kon brouille les lignes entre la réalité, les souvenirs et les films, créant une structure narrative fascinante et fluide. L'animation est inventive et pleine de clins d'œil à l'histoire du cinéma. C'est un film sur la passion, la quête et le pouvoir des histoires, une œuvre complexe et poétique qui confirme le génie de Satoshi Kon.

Avant même La Tour au-delà des nuages, Makoto Shinkai a réalisé seul (ou presque) The Voices of a Distant Star (Hoshi no Koe), un court métrage de 25 minutes. C'est une prouesse technique et narrative, car Shinkai a réalisé l'essentiel de l'animation et du doublage lui-même sur son ordinateur. L'histoire est une romance de science-fiction déchirante entre deux adolescents séparés par l'espace : Mikako, une soldate envoyée dans l'espace lointain pour combattre des extraterrestres, et Noboru, resté sur Terre. Le seul moyen pour eux de communiquer est par e-mail via leurs téléphones portables, mais plus Mikako s'éloigne, plus les messages mettent des années à arriver. Ce film pose les bases des thèmes de la distance, de la séparation et de la communication qui traverseront toute l'œuvre de Shinkai. C'est une œuvre brute, sincère et impressionnante étant donné ses conditions de production.

Retour aux débuts de Makoto Shinkai avec La Tour au-delà des nuages (Kumo no Mukō, Yakusoku no Basho). Ce long métrage, sorti avant 5 centimètres par seconde, montre déjà les prémices de son style visuel distinct et de ses thèmes récurrents. L'histoire se déroule dans un Japon alternatif divisé après la guerre, où une mystérieuse tour s'élève au-dessus de la frontière. Trois amis d'enfance font le serment de s'y rendre un jour, mais la maladie et la séparation viennent compliquer leurs plans. Le film mélange science-fiction, romance et mélancolie, explorant la distance et les promesses non tenues. L'animation est déjà très belle pour l'époque, avec une attention particulière portée aux ciels et aux nuages. C'est une œuvre qui, bien que moins aboutie que ses films ultérieurs, est essentielle pour comprendre l'évolution de Shinkai et les motifs qui l'obsèdent.

Jun, la voix du cœur (Kokoro ga Sakebitagatterun Da.) est un drame d'animation poignant qui aborde les thèmes de la communication, du traumatisme et du pouvoir des mots. L'histoire suit Jun Naruse, une adolescente dont les mots ont été "scellés" par un traumatisme d'enfance, l'empêchant de parler pour ne pas blesser les autres. Elle découvre qu'elle peut s'exprimer à travers la musique et se retrouve impliquée dans la préparation d'une comédie musicale pour sa classe. Le film explore le poids des mots et la difficulté de s'ouvrir aux autres. C'est une œuvre tendre et émotionnellement riche, produite par le même studio (A-1 Pictures) et l'équipe derrière la série Anohana. Le film a été salué pour son approche sensible des problèmes de communication et son message sur la guérison.

Moins connu que ses grands succès, Voyage vers Agartha (Hoshi o Ou Kodomo) est une œuvre de Makoto Shinkai qui s'éloigne de ses thèmes habituels pour s'aventurer dans le domaine de la fantaisie épique, un peu à la manière de Studio Ghibli. L'histoire suit Asuna, une jeune fille solitaire qui découvre un monde souterrain mystérieux appelé Agartha, un lieu de légendes où l'on dit pouvoir ramener les morts. Le film explore les thèmes de la perte, du deuil et de l'acceptation. Bien qu'il soit parfois critiqué pour son rythme ou sa tentative de copier un style Ghibli, Voyage vers Agartha offre des moments d'animation spectaculaires et une exploration sincère des émotions. C'est une œuvre intéressante pour voir Shinkai expérimenter un genre différent et montrer son habileté à créer des mondes fantastiques.

Satoshi Kon est un maître de l'animation dont l'influence se fait sentir bien au-delà du Japon. Paprika (Papurika) est un thriller psychologique visuellement stupéfiant qui explore les frontières floues entre les rêves et la réalité. L'histoire tourne autour d'une technologie révolutionnaire, le "DC Mini", qui permet aux thérapeutes d'entrer dans les rêves de leurs patients. Lorsque des prototypes sont volés, le chaos menace de s'installer alors que les rêves commencent à envahir le monde réel. Le film est un festival d'images surréalistes et de séquences oniriques complexes, montrant l'imagination débordante de Kon. L'animation est incroyablement détaillée et inventive. On dit souvent que Paprika a inspiré le film Inception de Christopher Nolan, bien que Nolan n'ait jamais explicitement confirmé cette influence. C'est un film fascinant et déroutant qui vous invite à remettre en question la nature de la perception.

Avec Summer Wars (Samā Wōzu), Mamoru Hosoda nous plonge dans un univers à la fois ancré dans la tradition japonaise et résolument futuriste. L'histoire suit Kenji, un jeune génie des mathématiques timide, qui se retrouve impliqué dans une crise mondiale lorsqu'une intelligence artificielle malveillante s'attaque à OZ, un monde virtuel où les gens gèrent leur vie quotidienne. Le film mélange habilement une intrigue de science-fiction pleine d'action dans le monde numérique avec une chronique familiale chaleureuse se déroulant dans une grande maison de campagne. L'animation des scènes dans OZ est inventive et stylisée, contrastant avec le réalisme des moments passés dans le monde réel. Le film célèbre les liens familiaux et la force de la communauté face à une menace extérieure. Saviez-vous que OZ est inspiré de Second Life ? Summer Wars est un film divertissant et intelligent qui a remporté de nombreux prix et a été salué pour son originalité.

Mamoru Hosoda aborde des thèmes familiaux et sociaux avec une grande sensibilité dans Les Enfants loups, Ame & Yuki (Ōkami Kodomo no Ame to Yuki). Ce film est une fable moderne sur la maternité, l'identité et la nature contre la culture. Il raconte l'histoire de Hana, une jeune femme qui tombe amoureuse d'un homme-loup et élève seule leurs deux enfants, Ame et Yuki, qui peuvent se transformer en loups. Le film suit leur vie sur plus d'une décennie, montrant les défis uniques auxquels Hana est confrontée pour protéger ses enfants et les laisser trouver leur propre chemin. L'animation est magnifique, capturant la beauté de la campagne japonaise et l'énergie enfantine. Hosoda a fondé son propre studio, Studio Chizu, pour produire ce film, ce qui lui a donné une grande liberté créative. C'est un film profondément humain et touchant qui explore ce que signifie être différent et trouver sa place dans le monde.

Changeons de réalisateur pour découvrir un autre maître de l'animation japonaise moderne : Mamoru Hosoda. La Traversée du temps (Toki o Kakeru Shōjo) est un film fantastique et romantique qui capture parfaitement l'énergie et les incertitudes de l'adolescence. L'histoire suit Makoto Konno, une lycéenne un peu maladroite qui découvre qu'elle peut voyager dans le temps après un accident. Ce pouvoir lui permet de revivre des moments pour corriger ses erreurs, mais elle apprend vite que manipuler le temps a des conséquences inattendues. Le film est plein d'humour, de cœur et de moments touchants. Il a remporté de nombreux prix et a contribué à établir Hosoda comme un réalisateur majeur. L'animation est fluide et dynamique, avec un style moins photoréaliste que Shinkai mais tout aussi expressif. C'est un film intelligent sur les choix, les regrets et la valeur de l'instant présent.

Autre bijou visuel de Makoto Shinkai, The Garden of Words (Kotonoha no Niwa) est un court métrage (environ 46 minutes) qui concentre tout son talent pour l'animation et l'émotion. L'histoire se déroule presque entièrement dans un jardin japonais pendant la saison des pluies et suit la rencontre entre Takao, un lycéen qui rêve de devenir cordonnier, et Yukari, une femme plus âgée qui semble perdue. Le film est une étude atmosphérique de la solitude, du réconfort trouvé dans une connexion inattendue et de la beauté éphémère. L'animation de la pluie, de la lumière et de la végétation est tout simplement époustouflante, poussant le réalisme visuel à un niveau rarement atteint. Un détail intéressant : Shinkai s'est inspiré de ses propres expériences et de photos de jardins réels pour créer ces décors. C'est un film court mais intense, une parenthèse poétique qui montre la maîtrise technique et émotionnelle de Shinkai avant ses grands succès.

Pour comprendre d'où vient le style visuel et thématique de Makoto Shinkai, il faut voir 5 centimètres par seconde (Byōsoku Go Senchimētoru). Ce film est une méditation mélancolique et poétique sur la distance et la séparation, racontée à travers trois courts segments suivant la vie de Takaki Tono. Il n'y a pas d'intrigue complexe ou de rebondissements spectaculaires, juste une exploration intime des sentiments et des regrets liés aux relations qui s'étiolent avec le temps et l'espace. L'animation est d'une beauté stupéfiante, particulièrement dans les scènes de paysages et de nature, qui sont devenues la marque de fabrique de Shinkai. Le titre fait référence à la vitesse à laquelle les pétales de cerisier tombent, une métaphore de la lente mais inéluctable séparation. C'est un film qui parle directement au cœur de ceux qui ont connu la douleur de l'éloignement. Un jalon essentiel dans la filmographie du réalisateur.

Makoto Shinkai revient après le succès planétaire de Your Name. avec Les Enfants du temps (Tenki no Ko). Ce film confirme son talent pour mêler romance adolescente, éléments fantastiques et contemplation des paysages urbains et naturels. L'histoire suit Hodaka, un jeune fugueur qui arrive à Tokyo et rencontre Hina, une fille capable de contrôler le temps et d'arrêter la pluie. Le contexte du changement climatique et des phénomènes météorologiques extrêmes ajoute une couche de pertinence à ce conte moderne. L'animation est, comme toujours chez Shinkai, absolument sublime, avec une attention maniaque aux détails de la lumière et de l'eau. Le film a été choisi pour représenter le Japon aux Oscars, témoignant de sa qualité et de sa reconnaissance internationale. Les Enfants du temps est une exploration poétique de l'amour face à l'adversité, avec une bande-son envoûtante signée Radwimps, qui renforce l'atmosphère unique du film. Un voyage visuel et émotionnel qui plaira aux amateurs de Shinkai.

Juste derrière Your Name. en termes de sortie et d'impact émotionnel, on trouve Silent Voice (Koe no Katachi). Ce film explore des thèmes profonds comme le harcèlement, le handicap, la rédemption et l'acceptation de soi avec une maturité rare. L'histoire suit Shoya Ishida, un ancien harceleur qui tente de se racheter auprès de Shoko Nishimiya, une jeune fille sourde qu'il a tourmentée à l'école primaire. Le film n'hésite pas à montrer la laideur des actions passées tout en offrant un chemin vers la guérison. L'animation du studio Kyoto Animation est fluide et expressive, utilisant des détails subtils pour montrer les émotions des personnages. Un aspect fascinant est la manière dont le film représente l'isolement social de Shoya en masquant les visages des autres personnages, une technique visuelle puissante. Silent Voice est un film qui vous bouscule, vous fait réfléchir et vous touche en plein cœur par son honnêteté brute et sa compassion. Une œuvre essentielle pour comprendre les défis de la communication et du pardon.

Préparez-vous à être emporté ! Your Name. (Kimi no Na wa.) n'est pas juste un film, c'est une expérience qui vous serre le cœur et vous laisse sans voix. Makoto Shinkai, souvent surnommé le "nouveau Miyazaki", a véritablement élevé son art avec cette œuvre. L'histoire de Taki et Mitsuha, deux adolescents que tout sépare sauf un étrange échange de corps à travers leurs rêves, est tissée avec une telle délicatesse qu'elle en devient universelle. Les visuels sont d'une beauté à couper le souffle, chaque plan est une peinture, capturant la lumière et les paysages japonais avec une précision quasi photographique. La musique du groupe Radwimps accompagne parfaitement l'ascenseur émotionnel. Saviez-vous que le film a battu des records au box-office japonais et international, devenant l'un des films d'animation les plus rentables de tous les temps ? C'est un conte moderne sur la connexion, le destin et le passage à l'âge adulte qui résonne longtemps après le générique. Un chef-d'œuvre à voir absolument !